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Des martinets noirs dans les données radar : une découverte étonnante!

Avec le retour du temps estival ces derniers jours, les hirondelles sont de nouveau en pleine activité. Elles fendent l’air frénétiquement à la recherche d’insectes. Connus pour le bruit strident qu’ils produisent, les martinets noirs sont surtout les champions du vol. A part pendant une courte période de couvaison, ces oiseaux parcourent le ciel toute l’année : en vol, ils se nourrissent, se reproduisent et même dorment !

Ce qui les rend encore plus exceptionnels est qu’ils volent jusqu’à de hautes altitudes pendant la nuit : jusqu’à 2,5 km. Le comportement de ces oiseaux lors du crépuscule était déjà connu mais dans une étude récente de l’Université d’Amsterdam (UvA) a permis de découvrir qu’ils le reproduisent aussi à l’aube. Cette découverte surprenante a été réalisée à l’aide du radar météorologique du KNMI (l’IRM des Pays-Bas) à De Bilt. La même équipe se sert aussi des radars de l’IRM à Wideumont et Jabbeke pour mener des recherches ornithologiques.

A la suite de cette collaboration entre l’IRM, l’UvA et le KNMI, l’IRM dispose maintenant aussi des outils nécessaires à la détection d’oiseaux automatique et interactive dans les images radar. L’image ci-dessous donne un exemple de la concentration en oiseaux dans la nuit du 6 au 7 juin 2013, sur base des images radar de Wideumont. L’axe des X représente l’heure, celui des Y l’altitude en km. Les plus hautes densités que l’on remarque juste après le coucher du Soleil et juste avant son lever sont provoquées par les vols ascensionnels des martinets. L’extraction de ces informations des données radar demande un traitement spécial car les oiseaux ne sont pas ou très peu observables dans les images radar opérationnelles générées par les radars de l’IRM.

Concentration en oiseaux (oiseaux/km³) durant la nuit du 6 au 7 juin 2013, mesurée par le radar de Wideumont. Les lignes verticales pleines donnent le moment du coucher et du lever du Soleil ; les pointillés marquent le début et la fin des crépuscules civil et nautique*. Les deux plus grandes concentrations jusque 2,5 km d’altitude et qui se produisent juste après le coucher et juste avant le lever du Soleil (plus précisément pendant le crépuscule nautique), sont causées par les vols ascensionnels des martinets. Dans les couches plus basses de l’atmosphère, les images de concentration en oiseaux sont probablement parasitées par la présence d’insectes.

Concentration en oiseaux (oiseaux/km³) durant la nuit du 6 au 7 juin 2013, mesurée par le radar de Wideumont. Les lignes verticales pleines donnent le moment du coucher et du lever du Soleil ; les pointillés marquent le début et la fin des crépuscules civil et nautique*. Les deux plus grandes concentrations jusque 2,5 km d’altitude et qui se produisent juste après le coucher et juste avant le lever du Soleil (plus précisément pendant le crépuscule nautique), sont causées par les vols ascensionnels des martinets. Dans les couches plus basses de l’atmosphère, les images de concentration en oiseaux sont probablement parasitées par la présence d’insectes.

La découverte que leurs vols ascensionnels se produisent aussi à l’aube les rend encore plus mystérieux. On pensait jusqu’à présent que ces vols faisaient partie de leur cycle de sommeil, mais les scientifiques hollandais présument que ce comportement leur sert surtout à récolter des informations, par exemple, sur les conditions atmosphériques. Grâce à cela, ces oiseaux sont peut-être en mesure d’établir une prévision du temps à venir. Pouvoir anticiper la météo est essentiel pour les martinets car leur approvisionnement en nourriture dépend entièrement d’insectes volants que l’on retrouve uniquement lors de conditions atmosphériques favorables. Il se pourrait que les martinets soient de proches collègues des prévisionnistes de l’IRM !

 

*  Le crépuscule civil est la période pendant laquelle le soleil se trouve à moins de 6° sous l’horizon ; le crépuscule nautique est la période pendant laquelle le soleil se trouve entre 6° et 12° sous l’horizon.

L’étude néerlandaise est parue dans le magazine Animal Behaviour avec comme titre « Twilight ascents by Common Swifts, Apus apus, at dawn and dusk: acquisition of orientation cues? », par dr. Adriaan M. Dokter et son équipe.

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