Plusieurs instituts belges unissent leurs forces pour répertorier les risques liés aux conditions météorologiques, à la pollution atmosphérique et au pollen pour la santé publique

Grâce au projet RetroPollen, l'impact des conditions météorologiques, de la qualité de l'air et du pollen de bouleau et des graminées sur notre santé en Belgique a été quantifié pour la première fois.

En Belgique, on estime qu'au moins 10% de la population est susceptible de développer des réactions allergiques ou une rhinite due au pollen de bouleau et au moins 15% au pollen de graminées. De plus, dans un pays densément peuplé et industrialisé comme la Belgique, la pollution atmosphérique peut augmenter le nombre de patients souffrant d'affections allergiques respiratoires. L'objectif final du projet de recherche était de développer un système d'avertissement pour les concentrations de pollen attendues, qui est désormais disponible depuis 2023 sur le site web de l’IRM et de Sciensano.

Quel rôle joue la météo dans la propagation du pollen ?

Une grande partie des différences des concentrations de pollen pendant et entre les différentes saisons peut être attribuée aux conditions météorologiques. Le vent est le principal facteur déterminant le transport du pollen dans l'air. La distance que peuvent parcourir les différentes espèces de pollen est généralement de l'ordre de 30 km, voire 1.000 km pour le bouleau. La direction du vent détermine largement la destination du pollen. Pour le pollen de bouleau, la température est également importante car elle détermine le début et la fin de la saison pollinique. L'étude a également montré que les concentrations prévues de pollen de bouleau dans l'air en Belgique ont augmenté de 13% tous les dix ans entre 1982 et 2019. Cette augmentation est principalement due aux changements climatiques. Les scientifiques ne s'attendaient pas à ce que le changement climatique (températures plus élevées et périodes de sécheresse pendant la saison pollinique) puisse augmenter à ce point la concentration de pollen dans l'air. Le scientifique Willem Verstraeten explique : « Le changement climatique entraîne une augmentation de la quantité de pollen dans l'air. La dynamique de la végétation peut contrer ce phénomène, mais ne peut pas le compenser entièrement. »

Pourquoi un modèle de dispersion tel que SILAM est-il important ?

En Belgique, les concentrations de pollen ne sont mesurées que dans un nombre limité de sites. Cela ne permet toutefois pas aux patients d'éviter leur exposition au pollen et ne fournit aucune information sur la répartition temporelle et spatiale du pollen dans tout le pays. Un modèle de dispersion, en revanche, permet de calculer la propagation du pollen sous l'influence des conditions météorologiques. Pendant les périodes pluvieuses et très humides, les arbres et les graminées libèrent moins de pollen, tandis que le vent disperse le pollen des chatons de bouleau ou des épillets de graminées. Sur la base des prévisions météorologiques, un modèle de dispersion permet également d'estimer la propagation prévue du pollen. En outre, les modèles spatiaux produisent la répartition quotidienne du pollen et permettent d'estimer l'effet sur la santé de la population.

Une concentration excessive de pollen de bouleau et de graminées constitue un risque pour la santé

Cette étude montre que la fonction pulmonaire des patients asthmatiques et atteints de mucoviscidose diminue en cas d'exposition à des concentrations élevées de pollen de bouleau et de graminées. La pollution atmosphérique renforce encore cet effet. De plus, l'exposition à de grandes quantités de pollen de bouleau augmente le risque de décès dans l'ensemble de la population.

Comment s'informer et se protéger ?

Grâce à ce projet, les citoyens peuvent désormais consulter des prévisions à 4 jours pour tous les types de pollen, tant sur le site web de l'IRM que dans l'application IRM, et ce pour leur lieu de résidence spécifique en Belgique. L'application AirAllergy et le site web de Sciensano ont également été mis à jour et complétés par les prévisions polliniques de l'IRM.

Un consortium de partenaires belges

Le consortium du projet belge BRAIN RetroPollen, financé par BELSPO et dirigé par l'Institut Royal Météorologique (IRM), a rassemblé pour cette étude une vaste collection de données provenant de différentes sources. L'hôpital ERASME de Bruxelles et le Zeepreventorium (centre de convalescence) à Le Coq ont collecté plus de 25 ans de données médicales sur des patients. STATBEL a fourni plus de 30 ans de données statistiques sur la population belge. Les séries chronologiques des concentrations de pollen de bouleau et de graminées, provenant des stations de mesure de Sciensano et remontant à 1982, ont été traitées par l’IRM avec des données météorologiques dans un modèle de transport du pollen. Cela a permis de calculer la répartition spatiale quotidienne de concentrations de pollen de bouleau et de graminées dans l'air pour l'ensemble de la Belgique. IRCELINE a fourni des cartes de mesures de la pollution atmosphérique. Des modèles statistiques de l'Université de Hasselt ont regroupé toutes les données afin d'analyser l'influence du pollen, de la pollution atmosphérique et des conditions météorologiques sur notre santé. Grâce au projet RetroPollen, l'impact des conditions météorologiques, de la qualité de l'air et du pollen sur notre santé en Belgique a pu être quantifié pour la première fois.

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